Nom shida Prénom tatsuya Âge 25 ans Date de Naissance 23.11.1991 Lieu de Naissance busan, corée du sud Nationalité japonaise Arrivée à Shinkyo 15.10.2013 études / Métier Shateigashira (second lieutenant du clan) Groupe yakuza | Before Shinkyo la photo est abîmée, chiffonnée. froissée comme ton passé. tu la regardes avec une boule dans le gorge qui t'empêche de prononcer le moindre mots. tu es assis sur tes talons, droit comme un lampadaire, au garde-à-vous. toujours, tu es toujours droit. mais cette photo te donne envie de briser le silence dans la pièce. de crier, de pleurer. c'est le visage de ta mère. une mère souriante. foutaises. comment un tel rayon de lumière peut t'avoir engendré, toi, l'obscure, sobre et stoïque chose plantée au beau milieu d'une pièce peu meublée. elle était si jolie, si pleine de vie. tu as quinze ans. tu es déjà un voyou. un violent. un homme de l'ombre. tu l'es depuis si longtemps. tes mains sont rugueuses, abîmées. tes os ont déjà été cassés plusieurs fois. l'adulte vient de quitter la pièce, quelques minutes auparavant. un ton froid. sans émotions. il t'a annoncé le décès de ta mère. celle que tu ne connaissais pas. celle qui ne vivait pas dans le même pays que le tien. l'étrangère. tu es un peu un étranger toi aussi. ils sont nombreux à se moquer de cette partie de toi, de cette mère coréenne. une petite goutte de sang s'écrase avec une douce violence sur la photo. la coupure sur ta lèvre inférieure est encore fraîche. tu te bats tous les jours. tu t'affirmes. tu es si loyal que tu es aimé par tous tes grands-frères, mais tu t'attires l'hostilité de certains. tu es si silencieux, renfermé. tu ne souris presque pas, pourtant, tes yeux sont remplis de rage la plupart du temps. tu es un chien fidèle, te complimentes souvent le second lieutenant du clan, qui ne t'apprécie guère, car il n'apprécie pas ton père. ce dernier est un membre très respecté du clan. tu as suivi ses pas. sans avoir le choix. tu t'inclines toujours devant lui mais tu ne l'aime pas. il a laissé ta mère mourir seule dans un autre pays. tu n'es pas très éduqué. mais tu aimes ta famille. le clan. tu te retiens de pleurer et tu plies la photo pour la remettre à sa place, dans ta poche. elle ne te quitte jamais. une faiblesse. tu as du cœur. tu t'attaches. tu te relèves, serrant le poing. ta vie, c'est la mort, de toute manière. tu n'es attaché à personne. tu aimerai bien. peut-être un jour ?
tu as dix-neuf ans. tu suffoques. tu essayes de remonter à la surface. tu te débats sous l'eau. tu sens l'eau accéder à tes poumons. les yeux ouverts dans l'eau sableuse. c'est comme ça que tu vas crever, finalement ? parce que tu n'as jamais appris à nager. une bagarre dans le port, te voilà dans le canal. c'est pas si rare, un yakuza jeté à l'eau, exécuté pour trahison par son clan. mais tu n'as trahis personne. jamais. si seulement tu pouvais vivre encore un peu. c'est stupide, hein ? tu penses souvent que ta vie est vide et qu'elle ne se résume qu'à ton clan, qu'à tes frères mais tu aimes vivre, n'est-ce pas ? Bordel, oui. tu essayes de remuer les bras. balancer tes poings dans le vide, comme si tu te battais contre l'eau. c'est un adversaire coriace, tu es bon mais pas à ce point-là. tu vas mourir. pour une histoire de trafique entre une mafia coréenne et ton clan. Ironie n'est-ce pas ? tu parles un bon coréen, ta mère te l'avait enseigné lorsque tu étais petit. tu t'es entraîné en cachette même lorsqu'elle n'était plus à tes côtés. tu l’appelais sans que ton père le sache et tu lui parlais dans sa langue. mais voilà, les coréens voulaient vous entuber pour un deal de drogues, tu ne faisais que traduire, toi, encore un petit frère. et puis on te sors de l'eau. tu comprends, il fallait que tes frères s'occupent de ceux qui t'avait frappé à t'en faire tomber à l'eau, toi qui déteste ça. tu craches l'eau hors de tes poumons et tes yeux s'ouvrent avec le visage d'un tes frères collés sur le tien. tu le pousse d'un geste viril en toussant, forcément, tout le monde rit. ta seconde chance à la vie t'as été apporté par les lèvres puantes de saké d'un vieux frère à qui il manque plusieurs dents. pendant que les autres se remettent de la bagarre et d'une scène comique, tu es assis. ils rient tous. ils ont peur pour toi, alors pour certains c'est un rire nerveux. tu essuies tes lèvres avec le dos de ta main. et tu regardes l'eau. le fleuve est noir, comme le ciel sous lequel tu te trouves. les lumières du port apportent une touche de couleur et tu vois ton reflet. ton visage trempé. légèrement boursouflé due à plusieurs coups. et tu souris. putain que tu souris. et tu ris. il faut bien non ? première fois que tu frôles la mort avec toutes les choses dangereuses que tu as faite dans ta jeune vie. tout cela parce que tu as mal traduit une phrase. un de tes frères pose sa paluche sur ton épaule en ricanant toujours un peu. tu devrais rire plus souvent, tatsu. tu baisses la tête, redresses ton échine qui s'était courbée et tu réponds un ferme oui digne d'un bon soldat. pourtant, tu le fais en souriant. c'est le moment où tu as décidé de faire des efforts. d'être moins stoïque, surtout avec tes frères. peut-être que tu voulais croire que tu ne t'étais pas noyé pour une bonne raison.
And now tu as vingt-cinq ans. tu as toujours une coupure à la lèvre. un pansement sur le front. un hématome au niveau des côtes. tes journées n'ont pas changées. tu es dans un costard. l'habit du yakuza. tu es fidele à ton clan. c'est tout ce que tu connais, de toute manière. ta position a évolué. c'est bien, cette impression d'accomplissement, n'est ce-pas ? tu es jeune pour ton rang mais mérité d'après l'oyabun du clan. ton père n'est plus là. tu n'as pas de photos de lui, exceptés celles qui sont accrochées aux murs de la résidence principale du clan minato. tu n'étais pas si proche de lui. mais sa mort t'a laissé un arrière-goût désagréable. poignardé à mort par un traitre au clan. c'est plus une question de venger le clan que ton père, c'est plutôt triste non ? tu n'as jamais été son fils, de toute manière. tu es le fils d'une chanteuse de bars coréenne décédée et d'un clan, c'est bien suffisant. tu ne sais pas si c'est l'effet de cette ville mais depuis le déménagement à Shinkyo, tu te sens mieux. dans un sens que tu n'arrives pas à comprendre. tu souris plus. mais cela reste des moments très rares pour le commun des mortels. tu ne montres jamais ton côté amical à aux autres, en dehors de ton clan. eux qui te voient comme un gamin fidèle et plus ou moins social, sont toujours très surpris lorsque tu apparais stoïque et impassible face aux inconnus. Tes talents linguistiques et ton esprit combattif font de toi un élément important du clan. tu es expert en taekwondo, également. la danseuse, que certains t'appellent. tu as pris les moqueries sur tes origines coréennes au pied de la lettre et tu as maitrisé une partie de ta culture cachée. autant botter les fesses de ceux qui se moquaient de toi, pour te faire respecter non ? au fond de toi, tu commences à être un peu las de ta vie mafieuse. la violence n'est pas ce que tu préfères dans ton métier. tu adores la fidélité, le fait d'avoir toujours confiance en tes frères et de savoir qu'ils ne t'abandonneront pas. dans la petite ville récente, tu commences à connaître les visages, et le clan s'est fait une place très rapidement. parfois, tu regardes la photo de ta défunte mère, te demandant s'il serait fière de toi. peut-être pas ? puis tu entends une voix au détour d'un bar. une chanson. une chanteuse sur une estrade. et tu vois ta mère danser. ton père qui l'admire. c'était un coup de foudre, n'est-ce pas. deux univers si différents. deux pays. deux langages. peut-être que tu veux te ranger. fonder une famille ? non, tu n'es pas si optimiste. pourtant t'aimes bien les gosses. tu prends souvent sous ton aile les jeunes voyous qui veulent faire partie du clan. tu en dissuades certains, les effrayants. au fond, tu ne souhaites pas vraiment cette vie à autrui.
tu baisses la tête en souriant, crispant légèrement de douleur. tu n'es pas doué avec les femmes de toute manière.
t'es qu'un voyou.
trop loyal pour être un homme bien.
|