Ma vie d'avant Hanabi s'appelait autrefois Kaori, Endo Kaori pour être exacte. Elle fut née au grand bonheur de ses parents d'avoir obtenu le choix du roi après un petit garçon de quatre ans son aîné. D'un papa commissaire et d'une maman qui restait constamment à la maison, la petite fille fut choyée et gâtée tout comme son petit frère, nous pouvions parler de cette famille stéréotypée que nous pouvions voir à la télé, vous savez la famille heureuse un peu niaise à la Ned Flanders, mais sans dormir avec une Bible en guise d'oreiller non plus, mais c'était des gens biens et fort appréciés par leur entourage. Nous passerons donc l'étape de son enfance et de son adolescence, durant laquelle celle-ci allait comme son frère dans les meilleures écoles du coin et avait des résultats plus que satisfaisants. Kaori était dans sa dernière année d'étude, elle souhaitait devenir architecte, la rentrée avait débuté un mois plus tôt et nous étions en 2013. Le commissaire recevait des avant-gardes, de qui ? De où ? On n'en savait rien, bien qu'au début ce n'était pas vraiment méchant ... Ce n'est qu'après qu'il fallait s'inquiéter. Au début ce n'était que des poubelles renversées ou bien des griffes ou autres misères sur la voiture, ça en a suivi de photos de sa fille en train de se balader accompagnées la plupart du temps par un petit mot. En bon père il ne préféra rien dire ni à sa femme ni à sa fille mais surveilla malgré tout sa progéniture de très près, il était dans une situation vraiment délicate. Nous étions à présent en mars 2014 et depuis deux mois, plus rien ne se passait, ce ne devait être qu'un jeune con de l'école de sa fille se disait-il, il disait aussi que lorsqu'il le retrouverait il allait l'entendre ! En tout cas, le papa commissaire était rassuré, du moins un peu. Et puis le soir du 29 mars arriva, une soirée pluvieuse. Ce soir là, les parents s'en étaient allés au restaurant, Kaori resta dans son cocon pour terminer un dossier qu'elle devait rendre prochainement sauf que la jeune femme ne rendra jamais son dossier. Un homme avait réussi à se faufiler chez eux pour commettre l'irréparable, tuer. Il attendit sagement dans la cuisine jusqu'à ce que l'étudiante aille se chercher un verre d'eau, sortit calmement l'éminceur qu'il avait pris soin d'enrouler dans un torchon et la planta dans le ventre de sang froid, la regardant dans les yeux avec ce petit sourire en coin. Elle eut juste le temps de lui demander qu'est-ce qu'elle lui avait fait avant de s'écrouler par terre et de se vider petit à petit de son sang, devant son agresseur. Nous n'apprendrons que plus tard que l'assassin était le père d'un détenu, voulant venger son fils de la personne l'ayant arrêté, le commissaire Endo. La jeune femme souriante et amicale laissa derrière elle des parents, un grand frère et un petit ami en deuil. Son père tomba dans une profonde dépression, tout était de sa faute disait-il.
| A Shinkyo C'est compliqué à expliquer comme sensation, tu as des vertiges, des migraines et même parfois des vomissements. Tu ressens de la chaleur, des palpitations et puis surtout, tu vis. Lorsque tu comprends enfin ça, finalement tu ne comprends pas, des explications s'il vous plaît ? Quelqu'un peut-il expliquer pourquoi ? Ou Comment ? Tout du moins dire quelque chose ? Le pire est à venir finalement. Tu trouves un miroir, tu vois quelqu'un, qui est-il, du moins qui est-elle ? Tu fais un geste, évidement il est reproduit, tu réalises puis voilà que tu touches son visage, du moins le tien, cette sensation de caresse que tu n'avais pas ressenti depuis très longtemps te fait un drôle d'effet. Puis tu pleures, tu cries, tu veux comprendre mais en vain. D'un côté tu es heureuse, d'un autre non, en fait t'es juste paumée, un peu comme la personne que tu vois dans ton reflet. Vas dormir.
Hanabi, voilà comment elle s'appelait, du moins c'est ainsi qu'on la nommait, c'était une fille peu fréquentable aux yeux de Kaori, la traînée comme elle dirait. Hanabi, c'était cette fille qui gagnait sa vie comme elle pouvait, elle était danseuse et donc hôtesse au Tokyo Nights, si ce n'est plus pour arrondir ses fins de mois. Bien sûr ce n'était pas vraiment au goût de la jeune fille qui faisait colocation dans son esprit. Cette dernière a tendance à vouloir essayer de reprendre la situation ce qui provoque des migraines horribles à la personne, au point de ne plus pouvoir réellement bouger, donc de ne plus pouvoir exercer ses activités. En effet c'est une colocation difficile. Elles se bousillent, l'une comme l'autre et pourtant elles se ressemblent, aucune des deux ne souhaitait cette vie là, toutes les deux aimeraient une famille, ou tout simplement être aimées. Hanabi n'a personne, les seules personnes côtoyées sont son patron, ses collègues et certains clients. Et le numéro d'un service lui permettant de parler de ses problèmes, comme par exemple sa récente consommation de drogue, certes ce n'était pas encore l'héro' mais ça ne tarderait sûrement pas, ça l'aidait à calmer ses pulsions schizophrènes, durant un temps. Heureusement que la junkie était belle et relativement bien foutue, sinon elle serait déjà dans un caniveau. Kaori a du mal à prendre place dans le corps de cette pauvre fille, à part lui provoquer des malaises et lui empêcher de gagner sa vie, elle n'arrive pas encore à s'intégrer complètement à Hanabi. Peut-être parce qu'elle ne réalise pas encore de sa nouvelle situation, ou parce que dans le fond elle est aussi perdue que la junkie, se faire assassiner ne doit pas être une chose simple après tout. L'expression passer du coq à l'âne ne peut être mieux utilisée. |